ICÔNES 1950
Exposition du 26 mai au 24 juillet 2021
19 avenue Matignon – 75008 Paris
Période déterminante dans l’histoire des arts décoratifs français du XXe siècle, les années 1950 se caractérisent par une créativité foisonnante : Max Ingrand, Georges Jouve, Mathieu Matégot, Serge Mouille, Alexandre Noll, Charlotte Perriand, Jean Prouvé, Jean Royère vont créer quelques unes des pièces les plus emblématiques de l’époque et tracer les contours d’un renouvellement des formes.
Les premières années de la décennie sont marquées par les impératifs de la reconstruction. Tout juste sortie de la guerre, la société dont les modes de vie sont en pleine mutation aspire à la modernité et au confort pour le plus grand nombre.
Les créateurs s’attachent à apporter des réponses pragmatiques aux besoins et désirs formulés sans jamais renoncer à l’idéal du “beau dans l’utile”. Cet idéal exigeant transparaît dans toutes les productions de l’époque : de la pièce unique au mobilier conçu pour les collectivités. Alors que la fabrication en série susceptible de répondre aux attentes d’une clientèle élargie commence à s’imposer, certains créateurs perpétuent un savoir-faire artisanal hérité des siècles précédents.
Les différents salons (Salon d’Automne, Salon des Artistes Décorateurs, Salon des Arts Ménagers), comme les expositions internationales ou celles organisées par les galeries assurent aux créateurs visibilité et notoriété et contribuent à la diffusion d’un nouvel art de vivre.
La période se caractérise également par une certaine porosité entre les arts, les formes libres et organiques emblématiques du mobilier des années 1950 font écho aux œuvres de Jean Arp, Alexandre Calder, Fernand Léger ou Yves Tanguy…
La plupart des grandes signatures de l’après-guerre (notamment Charlotte Perriand, Jean Royère, Jean Prouvé, Alexandre Noll, Max Ingrand, Mathieu Matégot ) ont débuté dans le courant des années 1920-1930, la paix retrouvée leur permet de poursuivre et développer une réflexion initiée avant le conflit. C’est ainsi que resurgit et s’impose une pensée d’avant-garde portée par l’enthousiasme des trente glorieuses.
Le courant moderniste des années 1920-30 a ouvert le design et les arts décoratifs à des matériaux industriels (verre, métal), les années 1950 élargissent ce répertoire en renouant avec des matériaux naturels (paille, rotin) et des essences de bois moins précieuses.
Le goût pour ces matériaux va de pair avec une redécouverte du mobilier montagnard ou régional qui traduit un désir de simplicité et d’authenticité qui s’exprimait déjà avant-guerre dans le mobilier et les aménagements de Charlotte Perriand. Jean Prouvé prolonge sa réflexion sur le métal plié (principalement l’aluminium) qu’il utilise aussi bien pour l’architecture que pour le mobilier. Jean Royère perpétue la tradition des grands ensembliers décorateurs en l’adaptant à son époque, créant quelques uns de ses modèles de luminaires et de meubles les plus iconiques.
L’époque est à l’expérimentation, à l’expression de sensibilités individuelles : c’est ainsi qu’Alexandre Noll, Mathieu Matégot, Max Ingrand, Georges Jouve, Serge Mouille vont développer chacun dans leur domaine une démarche singulière qui questionne et renouvelle tout un répertoire de formes et de pratiques qu’il s’agisse du travail du bois, du métal, du verre, de la céramique ou de la conception du luminaire…
La plus grande diversité règne dans les modes d’expressions et les partis-pris, de sorte que l’on ne peut pas évoquer les années 1950 à travers le prisme d’un style unique. Plus justement, à travers ces parcours créatifs singuliers se dessinent certaines sensibilités ou préoccupations communes.
Françoise Claire Prodhon